Pourquoi la génération Y se prive-t-elle de vacances ?
On dit que les nouvelles générations accordent beaucoup d’importance aux congés, aux vacances et aux politiques de conciliation entre le travail-famille. Or, la génération Y est celle qui prend le moins de congés, révèle un nouveau sondage de la TD.
C’est là tout un paradoxe : les Québécois de la génération Y attachent de l’importance aux congés, mais ne les prennent pas toujours.
Selon l’enquête menée auprès d’un échantillon de 236 Québécois âgés de 18 ou plus, 92 % de ceux nés entre 1982 et 2000 soutiennent que les vacances sont indispensables à leur bonheur ; 78 % estiment même qu’elles sont essentielles à la croissance personnelle. Pourtant, ces derniers sont aussi ceux qui profitent le moins de leurs vacances. En effet, quatre Y sur dix (36 %) renoncent à des jours de farniente auxquels ils ont droit.
Selon Josée Garceau, conférencière chez Symposium et auteure du livre La cohabitation des générations (Les éditions La Presse), plusieurs raisons peuvent expliquer les résultats de ce sondage – à commencer par la nature même des vacances dont il y est question.
« Parle-t-on de congés payés ? Ou, au contraire, de congés pris à leurs frais ? Sachant que les jeunes de la génération Y occupent de plus en plus des postes précaires, il y a fort à parier que plusieurs ne peuvent pas prendre de congés parce qu’ils ont peur de manquer d’argent ou de voir des occasions leur filer entre les doigts », analyse-t-elle.
Des vacances, c’est quoi au juste ?
Sans parler de la perte de signification des vacances. Accrochés à leur téléphone intelligent, cette véritable laisse électronique, les Y font moins la distinction entre vie personnelle et vie professionnelle, soutient l’experte des questions générationnelles. « Ils mélangent tout, y compris lorsqu’ils sont supposément vacances. Pour eux, les frontières autrefois sacrées sont tout simplement moins bien définies. »
Puis, il y a aussi la question du chemin de vie que les Y empruntent. Plusieurs n’attendent plus d’arriver sur le marché du travail pour voyager, pour s’adonner à des loisirs, bref, pour prendre des « vacances ». « Aujourd’hui, les jeunes voyagent pendant leurs études, quitte à prendre une année sabbatique et à les rallonger », fait valoir Josée Garceau.
D’ailleurs, surspécialisation professionnelle aidante, les études des membres de cette génération sont aussi plus longues. Et plus dispendieuses. « Cet endettement accru ferme d’autant plus la porte à l’option des vacances », lance-t-elle.
Peu importe l’analyse que l’on fait de ces résultats, ils sont, de l’avis de Josée Garceau, franchement inquiétants. « Nous avons une génération entière qui est bien au fait que les vacances sont salutaires, mais qui, pourtant, s’en prive délibérément. Disons que cela porte à réfléchir aux motivations sous-jacentes et à la place en société qu’on réserve aux Y », conclut-elle.
Source Maxime Bilodeau / Workopolis